Stargate SG1, ou la
pulvérisation des Dieux de l’Egypte
La guerre en Irak, la recrudescence des
attentats meurtriers commis par les terroristes islamistes qui ont, après
Londres, frappé en Egypte, et les images qui nous parviennent régulièrement sur
l’horreur de cette barbarie aveugle, nous font oublier une autre forme de
guerre, la guerre psychologique. Non pas celle, fruste et archaïque des émules
de Oussama Ben Laden, mais celle, plus subtile, qui touche à la conscience même
de l’Amérique.
Le cinéma américain, mais surtout les
séries télévisées, diffusées dans la quasi-totalité de la planète, nous avaient
habitués à intérioriser le mythe de la toute-puissance de l’Amérique. Les
agents secrets qui opèrent partout en se faisant parachuter en Amérique du Sud,
en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient comme si on pouvait pénétrer dans ces
régions du Monde comme dans un moulin, quoi de plus normal, ce vieux cliché
marche toujours aussi bien.
Mais le mythe le plus fascinant, c’est
celui de l’ennemi extra-terrestre. Face au fantasme d’une menace extra-humaine,
c’est toujours la toute-puissance de l’Amérique qui s’impose, comme une
évidence, et ce ne sont pas seulement les Américains, mais l’ensemble des
habitants de la planète qui fusionnent dans le partage de la même peur. Encore
un cliché, aussi banal que le précédent.
Mais là où l’imagination dans la
manipulation des mythes et des symboles de l’humanité est poussée à l’extrême,
c’est dans la série télévisée produite et jouée dans le rôle principal par
Richard Dean Anderson, Stargate, la porte des étoiles. Divertissante,
excellente dans l’interprétation et la qualité du scénario, la série met en
scène une équipe de choc commandée par l’acteur, qui visite, non pas des pays
de la terre, mais d’autres planètes, par le moyen d’une technologie découverte
en Egypte, la porte des étoiles.
L’ennemi principal, ce sont les Goa’ulds,
une race puissante et dangereuse de parasites, des sortes de serpents qui ne
peuvent survivre qu’en prenant possession du corps d’un être humain. Or ces
vers de terre ne sont autres que les anciens dieux de l’Egypte, à commencer par
Ra, le grand Dieu- soleil, mais aussi Osiris, Seth, Anubis, et même Hathor, la
déesse de la fertilité et de l’amour, représentée comme la source, la mère de
tous les dieux, celle qui a fécondé les autres verres de terre, vaincue bien
sûr par l’équipe de Richard Dean Anderson, le général Jack O’Neal.
Tous ces anciens dieux de l’Egypte, des
faux-dieux bien sûr, ne sont donc que des reptiles qui parasitent les êtres
humains et qui se régénèrent par le moyen de technologies sophistiquées. Leur
but : conquérir et dominer le monde grâce à des armées d’esclaves
guerriers dont les corps accueillent les petits serpents jusqu’à ce qu’ils
arrivent à l’âge adulte.
Une autre race, de gentils cette fois,
les Hazgards, représentés dans la série par des petits êtres qui ressemblent
comme deux gouttes d’eau au faux-extra-terrestre de Roswell, le petit homme
tout gris avec des gros yeux, sont les alliés des terriens, qu’ils aident de
temps à autre. On apprend ainsi que leur chef n’est autre que Thor, celui-là
même que les Celtes adoraient comme un de leurs dieux les plus puissants.
Mais revenons aux méchants Goa’ulds,
les reptiles qui se prennent pour des dieux, dont le seul but est la domination
du monde. Les pouvoirs qu’ils détiennent et qui leur permettent d’abuser les
peuples qu’ils conquièrent, ils les tiennent d’une technologie sophistiquée. Or
cette technologie, comme les hologrammes, les champs de force, les vaisseaux, le
téléportage, et surtout la fameuse porte des étoiles qui permet de passer d’une
planète à une autre en quelques secondes, n’a pas été inventée par eux, mais par un mystérieux peuple qu’on
appelle les anciens.
Ainsi donc, les dieux de l’Egypte ne
sont pas égyptiens, puisque ce sont de vulgaires verres de terres, des
parasites venus d’une autre planète, mais en plus des êtres sans créativité qui
ont détourné un savoir supérieur à leur profit.
Et je laisse le meilleur pour la fin.
On apprend subrepticement, au fil des épisodes, que certains contemporains,
américains bien sûr, à commencer par Jack O’Neal, le super-héros, ont des gènes
qu’ils ont hérités de ce peuple des Anciens. Par quel miracle biologique ces
gènes ont été transmis, mystère.
Il n’en reste pas moins, et c’est le
clou de la série, que cet héritage des Anciens permet à cette élite de capter
par divers moyens ce fameux savoir suprême.
Dans cette série captivante, où le seul
atout réel est la qualité cinématographique, l’Amérique, terre sans passé et sans civilisation,
s’invente une profondeur historique, un nouveau mythe fondateur qui plonge ses
racines à l’aube de l’humanité. L’Egypte, l’une des civilisations anciennes les
plus brillantes, devient une terre de peuples archaïques parasités par des
serpents venus d’une autre planète. Il n’empêche : les vraies pyramides et
le vrai Sphinx, sont toujours à Gizeh,
tandis que ceux de Las Vegas sont toujours en toc.
Leïla Babès le 27/07/2005
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