Sadiques...
Sadiques Salafistes
L’Arabie saoudite s’est toujours distinguée par des
dispositions discriminatoires à l’égard des femmes : obligation du port du
voile complet, y compris pour les non-musulmanes, interdiction pour les
hôtesses de l’air de fouler le sol saoudien, interdiction pour les saoudiennes de
conduire des véhicules, de circuler ou de voyager librement, claustration,
pratique des mariages de jouissance pour les hommes, etc…
Les autorités du royaume vont jusqu’à gommer au
feutre noir les parties dénudées des femmes qui paraissent dans les magazines
étrangers. C’est dire la folie à laquelle la névrose obsessionnelle collective qui
fonde le rapport aux femmes, peut conduire, dans le pays des salafistes,
depuis que le prédicateur bédouin Mohamed Ibn abd-alwahhab s’est allié au
XVIII° siècle, à un chef de tribu qui s’appelait Mohamed Ibn séoud.
Au mois de septembre dernier, l’arbitre d’un match
amical de football refusa de participer au jeu à cause de la présence, dans les
gradins, d’une fillette de 12 ans, après quoi, les autorités du stade
demandèrent aux parents (mâles, évidemment) de faire sortir l’enfant.
Dans l’esprit tordu de ces obsédés, la fillette n’en
est pas une, c’est une femme, ou plutôt un sexe, une chose dangereusement
menaçante pour l’équilibre individuel et social, capable de déstabiliser toute
une foule. Une foule d’hommes bien sûr, puisque dans le royaume des hommes, une
foule de femmes, ça n’existe pas. Sauf dans les harems, entre quatre murs.
Sur un registre plus tragique, on apprenait il y a
une quinzaine de jours, grâce à Amnesty International, la condamnation d’une
jeune femme de dix-neuf ans, à six mois de prison et à 200 coups de fouet, à la
suite d'un viol collectif dont elle avait été la victime en 2006.
Jugeant
la sentence prononcée à l’égard des coupables trop clémente, entre un et cinq
ans de prison, dans un pays où le viol est passible de la peine de mot, et la
peine prononcée à l’égard de la jeune femme, injustifiée –celle-ci a été condamnée
à 90 coups de fouet-, l’avocat de la victime
a fait appel.
Résultat :
dans le nouveau verdict, la cour a porté les condamnations contre les sept
violeurs à des peines qui vont de 2 à 9
ans de prison. Et ce faisant, elle a aussi aggravé la sentence de la victime,
désormais condamnée à six mois de prison et à 200 coups de fouet.
Incroyable jugement qui rappelle le sinistre tribunal
de l’Inquisition. Les raisons sont d’ailleurs tout aussi incroyables.
La malheureuse est en réalité victime de 7 injustices.
Il y a d’abord les trois premiers préjudices : le viol collectif à
répétition commis par sept hommes, une sanction dérisoire pour les coupables,
et sa propre condamnation à un châtiment corporel inhumain.
A quoi on pourrait ajouter un autre paramètre qui a
pesé lourdement dans la sévérité du jugement : l’appartenance de la jeune
femme à la minorité chiite, -qui fait l’objet de discriminations flagrantes
dans ce pays-, alors que ses agresseurs étaient sunnites, ou plutôt wahhabites
pour dire les choses précisément.
Cinquième grief : expliquant la sentence du
tribunal, le juge a déclaré que si la jeune femme n'avait pas été en présence
d’un homme qui lui était interdit par loi, elle n’aurait pas été violée.
Ce qui est une spéculation parfaitement hypocrite,
car rien, ni le fait d’être seule ni même le fait d’être accompagnée d’un parent
ne pourrait jamais garantir la protection d’une femme contre ce type
d’agression. Autant dire alors que les femmes n’ont qu’à rester chez elles, si
elles ne veulent pas être violées.
La fréquentation
dite illicite, s’appelle en réalité Khilwa
ou khalwa, autrement dit le fait pour une femme de se trouver en compagnie d’un
homme qui n’est pas un proche parent. Le terme qui évoque l’isolement, la
solitude, la retraite, l’éloignement de la famille, est révélateur de la manière
avec laquelle on conçoit dans ce genre de pays, le statut de la femme.
Non accompagnée par des proches parents, la femme est
toute seule, c’est-à-dire à la fois sans défense, incapable de se contrôler, et
potentiellement dangereuse en ce qu’elle menace l’ordre patriarcal. Une femme
accompagnée d’un homme qui lui est prohibé est une femme seule. Quant à
l’autre, il est tout aussi dangereux, et tout aussi incapable de se contrôler.
L’homme est un loup pour la femme, et vice-versa.
La foi, l’islam, la prétention de représenter le
modèle politique idéal, rien n’y fait, la confiance en l’autre est bannie, et
s’il y a un vide, un désert, un khala’, pour rester dans la logique de la
khilwa, c’est bien celui de la confiance, en sa femme, sa fille, sa nièce, en
l’autre, le cousin, le voisin, l’ami.
Sixième grief : la jeune femme avait accordé, en
décembre 2006, un entretien à l'organisation de défense des droits de l'homme,
Human Rights Watch (HWR). C’est cette audace inacceptable dans le pays qui fait
de la voix de la femme un tabou obscène, qui lui a valu une aggravation de sa
peine à la suite de l’appel.
Septième injustice : son propre avocat devra
comparaître devant une commission disciplinaire, et s’est vu retirer sa licence, ce
qui l’empêchera désormais de continuer de s'occuper de l'affaire de sa
plaignante.
Obscurantisme, cruauté et sadisme, tels sont les mots
qui viennent à l’esprit pour qualifier le régime funeste des wahhabites.
Leïla Babès le 28/11/2007
Revenir à la page d'accueil