Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Leïla Babès
14 janvier 2008

Sadiques...

Sadiques Salafistes

Diable2

 

L’Arabie saoudite s’est toujours distinguée par des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes : obligation du port du voile complet, y compris pour les non-musulmanes, interdiction pour les hôtesses de l’air de fouler le sol saoudien, interdiction pour les saoudiennes de conduire des véhicules, de circuler ou de voyager librement, claustration, pratique des mariages de jouissance pour les hommes, etc…

Les autorités du royaume vont jusqu’à gommer au feutre noir les parties dénudées des femmes qui paraissent dans les magazines étrangers. C’est dire la folie à laquelle la névrose obsessionnelle collective qui fonde le rapport aux femmes, peut conduire, dans le pays des salafistes, depuis que le prédicateur bédouin Mohamed Ibn abd-alwahhab s’est allié au XVIII° siècle, à un chef de tribu qui s’appelait Mohamed Ibn séoud.

Au mois de septembre dernier, l’arbitre d’un match amical de football refusa de participer au jeu à cause de la présence, dans les gradins, d’une fillette de 12 ans, après quoi, les autorités du stade demandèrent aux parents (mâles, évidemment) de faire sortir l’enfant.

Dans l’esprit tordu de ces obsédés, la fillette n’en est pas une, c’est une femme, ou plutôt un sexe, une chose dangereusement menaçante pour l’équilibre individuel et social, capable de déstabiliser toute une foule. Une foule d’hommes bien sûr, puisque dans le royaume des hommes, une foule de femmes, ça n’existe pas. Sauf dans les harems, entre quatre murs.  

Sur un registre plus tragique, on apprenait il y a une quinzaine de jours, grâce à Amnesty International, la condamnation d’une jeune femme de dix-neuf ans, à six mois de prison et à 200 coups de fouet, à la suite d'un viol collectif dont elle avait été la victime en 2006.

Jugeant la sentence prononcée à l’égard des coupables trop clémente, entre un et cinq ans de prison, dans un pays où le viol est passible de la peine de mot, et la peine prononcée à l’égard de la jeune femme, injustifiée –celle-ci a été condamnée à  90 coups de fouet-, l’avocat de la victime a fait appel.

Résultat : dans le nouveau verdict, la cour a porté les condamnations contre les sept violeurs  à des peines qui vont de 2 à 9 ans de prison. Et ce faisant, elle a aussi aggravé la sentence de la victime, désormais condamnée à six mois de prison et à 200 coups de fouet.

Incroyable jugement qui rappelle le sinistre tribunal de l’Inquisition. Les raisons sont d’ailleurs tout aussi incroyables.

La malheureuse est en réalité victime de 7 injustices. Il y a d’abord les trois premiers préjudices : le viol collectif à répétition commis par sept hommes, une sanction dérisoire pour les coupables, et sa propre condamnation à un châtiment corporel inhumain.

A quoi on pourrait ajouter un autre paramètre qui a pesé lourdement dans la sévérité du jugement : l’appartenance de la jeune femme à la minorité chiite, -qui fait l’objet de discriminations flagrantes dans ce pays-, alors que ses agresseurs étaient sunnites, ou plutôt wahhabites pour dire les choses précisément.

Cinquième grief : expliquant la sentence du tribunal, le juge a déclaré que si la jeune femme n'avait pas été en présence d’un homme qui lui était interdit par loi, elle n’aurait pas été violée.

Ce qui est une spéculation parfaitement hypocrite, car rien, ni le fait d’être seule ni même le fait d’être accompagnée d’un parent ne pourrait jamais garantir la protection d’une femme contre ce type d’agression. Autant dire alors que les femmes n’ont qu’à rester chez elles, si elles ne veulent pas être violées.

La fréquentation dite illicite, s’appelle en réalité  Khilwa ou khalwa, autrement dit le fait pour une femme de se trouver en compagnie d’un homme qui n’est pas un proche parent. Le terme qui évoque l’isolement, la solitude, la retraite, l’éloignement de la famille, est révélateur de la manière avec laquelle on conçoit dans ce genre de pays, le statut de la femme.

Non accompagnée par des proches parents, la femme est toute seule, c’est-à-dire à la fois sans défense, incapable de se contrôler, et potentiellement dangereuse en ce qu’elle menace l’ordre patriarcal. Une femme accompagnée d’un homme qui lui est prohibé est une femme seule. Quant à l’autre, il est tout aussi dangereux, et tout aussi incapable de se contrôler. L’homme est un loup pour la femme, et vice-versa.

La foi, l’islam, la prétention de représenter le modèle politique idéal, rien n’y fait, la confiance en l’autre est bannie, et s’il y a un vide, un désert, un khala’, pour rester dans la logique de la khilwa, c’est bien celui de la confiance, en sa femme, sa fille, sa nièce, en l’autre, le cousin, le voisin, l’ami.

Sixième grief : la jeune femme avait accordé, en décembre 2006, un entretien à l'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HWR). C’est cette audace inacceptable dans le pays qui fait de la voix de la femme un tabou obscène, qui lui a valu une aggravation de sa peine à la suite de l’appel.

Septième injustice : son propre avocat devra comparaître devant une commission disciplinaire, et s’est vu retirer sa licence, ce qui l’empêchera désormais de continuer de s'occuper de l'affaire de sa plaignante.

Obscurantisme, cruauté et sadisme, tels sont les mots qui viennent à l’esprit pour qualifier le régime funeste des wahhabites.

 

Leïla Babès le 28/11/2007


Revenir à la page d'accueil

 

Publicité
Commentaires
Le blog de Leïla Babès
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Catégories
Publicité