Voile1
L’humanité, Article
paru dans l'édition du 3
novembre 2004.
« Mystification » dévoilée
Dans son
dernier ouvrage, Leïla Babès rappelle, textes sacrés à l’appui, que le hidjab ne
constitue ni une prescription ni une pratique religieuse.
En 122
pages, le livre de Leïla Babès (1) démonte l’une « des plus grandes
mystifications que des musulmans aient jamais produites sur leur propre
religion », en affirmant que le voile islamique est une prescription
divine. Textes sacrés à l’appui, la professeure de sociologie des religions
prouve le contraire et affirme que ce fichu tissu n’est qu’une affaire d’hommes
désireux de se protéger de la femme, comme objet permanent de désir. L’auteure s’interroge
sur la supercherie qui consiste à considérer le voile comme l’honneur de toute
une communauté religieuse : « De quoi faire retourner dans leurs
tombes tous les théologiens, exégètes, canonistes, juges et autres grands imams
de toute l’histoire de l’islam d’avant le XXe siècle, y compris les plus
conservateurs », s’indigne-t-elle.
Après
Loi d’Allah, loi des hommes (2) publié en 2002, Leïla Babès persiste dans son
livre, qui sort demain, à tordre le cou à l’idée que le hidjab serait un
fondement sacré de la religion, d’autant que de plus en plus de musulmanes se
sont mises à le porter sous la pression, non pas des parents, mais de la
prédication qui se propage depuis les années soixante-dix.
À tous
ceux et à toutes celles qui lui rétorquent que « c’est dans le
Coran », la pédagogue répond : « Soit. Mais tout dans le Coran
doit-il être qualifié de religieux ? Faut-il aussi considérer les
conditions de la répudiation, du veuvage, le délai de viduité, les menstrues de
la femme, les règles successorales, et tout ce qui touche au mariage comme des
prescriptions religieuses ? » Et d’expliquer que sur 6 000 versets du
Coran, seuls 200, environ, ont un caractère législatif, dont un petit nombre
« peut être qualifié de "religieux", au sens cultuel du
terme ». Il s’agit des cinq piliers de l’islam : profession de foi,
prière, zakat (l’aumône), ramadan et pèlerinage.
Leïla
Babès note que « l’attachement hystérique pour le voile » est de
nature sexuelle. C’est l’obsession du corps de la femme qui pousse à le couvrir.
Elle indique que c’est la coutume, vieille de presque deux millénaires, et non
le raisonnement théologique, qui en est la cause. Le livre de cette
intellectuelle attachée à la critique scientifique des textes s’adresse
particulièrement à toutes les musulmanes qui croient sincèrement qu’elles
désobéiraient à Allah si elles ne se conformaient pas à l’ordre céleste. Une
oeuvre salutaire.
Mina
Kaci
(1)
Leïla Babès, le Voile démystifié, Éditions Bayard, 14,20 euros.
(2)
Loi d’Allah, loi des hommes. Liberté, égalité et femmes en islam, Éditions
Albin Michel.