Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Leïla Babès
12 novembre 2008

Obama

 
Obama, l’homme universel

images_Obama

 

Dire que la victoire d’Obama n’est pas seulement celle du peuple américain, mais une espérance pour tous les peuples, est un truisme.

Et qu’importe le désarroi des esprits chagrins, toujours prisonniers de leur anti-américanisme primaire. L’histoire en train de se re-créer sur la scène même de l’ennemi traditionnel, les privant désormais de leur bouc-émissaire favori, pourrait bien les acculer à regarder de plus près les détritus s’amonceler devant leurs portes. Car si l’Amérique honnie cessait d’être cette nation hégémonique et arrogante qui écrase de sa puissance les faibles, c’est toute la dialectique du maître et de l’esclave qui s’en trouverait bouleversée. Les dénégateurs et autres champions de l’auto-déresponsabilisation trouveraient sans doute le moyen de faire endosser à Obama le poids du passé peu glorieux de l’Amérique, et même les fautes commises le jour même de l’élection, comme l’ont osé certains. Et puis ils continueront à percevoir le monde selon les mêmes clivages : noir et blanc, musulman et kâfir, hommes et femmes.

Comme ils ont déjà jugé Obama, alors même que son investiture officielle n’est pas faite, sur son parti pris pour Israël, son manque d’islamité –comme s’il avait eu la moindre chance d’être élu s’il était musulman, le sondage effectué en France pendant l’élection a montré que si 80% des Français étaient prêts à porter un noir à la présidence, ils sont seulement 56% à se dire disposés à élire un maghrébin, non pas comme on le pense à cause du poids de la décolonisation, mais parce qu’il serait musulman.

Mais qu’importe. Obama a été élu alors qu’il est de père musulman, il s’appelle Barak Hussein, son beau-père était un musulman indonésien, sa demi-sœur est donc musulmane, comme l’est sa grand-mère paternelle et sa famille du Kenya. De plus, il est noir, le premier président noir de toute l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, et c’est énorme, c’en est même stupéfiant que l’Amérique qui a porté par deux fois au pouvoir Georges W.Bush, en soit venue à s’identifier en fin de compte à Barak Hussein Obama.

Dans le fond, cela signifie que ces deux attributs, à savoir sa couleur de peau comme sa part d’islamité, n’ont guère joué, qu’ils ont été balayés par la stature exceptionnelle de l’homme. L’Amérique s’est identifiée à un homme qui a incarné le rassemblement et le dépassement de tous les clivages.

Quelle ironie que la planète tout entière ait eu les yeux rivés sur cet homme parce qu’il était noir, et parce qu’il incarnait le changement qui devait clôturer l’ère obscure de Bush, sans se douter qu’il était bien plus que le candidat démocrate et le futur premier président noir.

Obama doit sa victoire à deux atouts exceptionnels, totalement inédits dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique : d’abord il est brillant, et c’est peu de le dire, ensuite il a cette hauteur qui transcende toutes les différences et qui a fait de lui le président de tous les Américains, ce qu’il n’a pas tardé à rappeler, dès son élection. Tout se passe comme si le métissage de ses origines, de sa couleur de peau, de ses multiples appartenances lui donnaient cette grandeur oeucuménique qui caractérise l’envergure des grands chefs d’Etat. Obama a su convaincre parce qu’au lieu d’être le candidat d’une Amérique sur la défensive, repliée sur sa sécurité et jalouse de sa singularité, il a été l’homme d’une Amérique réconciliée avec elle-même, entièrement tournée vers des horizons positifs et disposée à s’ouvrir sur le monde.

S’agissant du monde arabe et islamique, c’est la première fois qu’un futur président américain parle de dialogue et de compromis, de paix au lieu du clash des civilisations.

La victoire de Barak Obama est une leçon de démocratie et de sagesse politique, non pas pour les dictateurs et autres despotes, -sauf peut-être pour leurs intellectuels organiques, d’ailleurs davantage organiques qu’intellectuels. Ceux-là, pendant que l’histoire se fait en direct sous leurs yeux, continuent de psalmodier leurs complaintes anti-américaines sans même se soucier de la félonie de leurs propres dirigeants qui s’acharnent à museler la paroles des braves.

La victoire d’Obama est une leçon de démocratie pour les vielles démocraties d’Europe.

C’est pourquoi s’il est légitime et compréhensible de porter sur Obama toutes les aspirations messianiques, on ne saurait mieux lui rendre hommage qu’en préparant le terrain pour d’autres futurs Obama.

Pourquoi la France, terre des droits de l’Homme, qui a su émanciper les Juifs et faire d’eux des citoyens à pat entière, n’est-elle pas encore capable de promouvoir des candidats issus de l’immigration ?

Si les socialistes ont permis aux Juifs d’accéder aux plus hautes fonctions, leur politique différentialiste du Black blanc beur a plus creusé les clivages que donné leur chance aux minorités. On comprend que nombre de Franco-maghrébins, déçus par les promesses non tenues de la gauche, se soient tournés vers la droite.

Avant Sarkozy et les nominations de Rama Yade et Rachida Dati, qu’on se rappelle que c’était sous la présidence de Jacques Chirac que Jean-Pierre Raffarin avait nommé pour la première fois deux secrétaires d’Etat arabes, dans son gouvernement.

Mais les véritables verrous à faire sauter ne sont ni dans le parachutage ministériel ni même dans la politique de discrimination positive que réclament certains. Ce sont les partis politiques qui continuent de bloquer l’ascension des candidats issus de l’immigration. La leçon américaine d’Obama, c’est seulement celle du mérite et de l’égalité des chances.  

 

Leïla Babès le 12/11/2008


Revenir à la page d'accueil

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
S
Permettez-moi de ne pas être totalement en phase avec votre analyse sur Obama. Même s’il est admis par tous que son avènement en tant que président noir, constitue un évènement planétaire extraordinaire qui va marquer d'une manière indélibile l’histoire, et une fois l’euphorie médiatico-politique passée, je pense sincèrement et objectivement qu’il sera un président obnubilé par l’obsession de prouver qu’il un vrai américain et un bon chrétien pratiquant comme l’Amérique en aime tant. Cela relèverait tout simplement de la psychologie de l’humain. Quand on a un handicap quelconque (non dans le sens péjoratif), on veut toujours prouver quelque chose à sa société. Il va en effet appliquer une politique que je qualifierais de « laver plus blanc que blanc! ». Donc, il ne faut pas s’attendre à des miracles selon mon humble avis. Comme les attentes sont immenses, la déception, avec l’usure du pouvoir et ses servitudes qui s'y rattachent, sera plus grande. Les signes avant-coureurs commencent déjà à se profiler à l'horizon avant même son investiture. Son silence assourdissant par rapport aux évènements tragiques et bouleversants de Gaza en est l’illustration la plus éclatante. <br /> <br /> Amicalement vôtre
Le blog de Leïla Babès
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Catégories
Publicité