Al Jazeera ou l'apologie du terrorisme
Al-Jazeera ou l’apologie du terrorisme
Décidément, la chaîne Al-Jazeera nous étonnera
toujours par ses liens ambigus avec le terrorisme et l’organisation criminelle
Al-Qa’ida. Si ce n’est que cette fois, elle vient de franchir un pas dramatique
dans l’escalade de la violence symbolique à laquelle ses journalistes se
livrent régulièrement, et prouver qu’en matière de barbarie, elle a réussi à
s’élever au niveau des tueurs en série qu’elle se plaît à mettre en scène.
C’est ainsi qu’au lendemain des attentats meurtriers
qui ont frappé Alger le 11 décembre dernier et qui ont fait plus de 60 morts et
des dizaines de blessés, Al-Jazeera a lancé cet incroyable sondage auprès des
internautes qui fréquentent son site, en leur posant cette question :
« Soutenez-vous les deux attentats d’Alger ? ».
Et telle une boîte de Pandore pestilentielle, la
chaîne a vite récolté le fruit de sa semence purulente, puisque plus de 30.000
personnes ont participé à ce jeu nauséabond et que 54,7 % des sondés ont
répondu… oui.
Pour autant que les auditeurs arabes, tétanisés par
de longues décennies de langue de bois médiatique, auront apprécié la bouffée
d’oxygène que la chaîne satellitaire a insufflée par l’audace des sujets
traités et une certaine liberté de ton de ses journalistes, Al-Jazeera nous a
néanmoins habitués à un jeu journalistique qui flirte avec les limites de la
déontologie et de l’éthique politique. La chaîne, qui s’est taillé une
réputation mondiale grâce aux reportages qu’elle a produits pendant la guerre
du Golfe, s’est rapidement distinguée par l’ambition démesurée de « faire
du scoop », et de « l’audimat ».
Hélas, ce qui aurait pu être un média moderne,
pouvant contribuer efficacement à une pédagogie pour la réforme des mentalités,
s’est vite révélé un instrument sordide de provocation de mauvais goût,
d’outrance et d’immoralité journalistique et politique.
Dans le fond, que veulent les responsables de ce
funeste sondage, sinon donner une assise « populaire » à Al-Qa’ida,
lui signifier que ses actes criminels sont légitimes, et l’encourager dans
cette voie.
Pourquoi Alger ? Parce que c’est là que les
attentats de ces deux dernières années ont été perpétrés, que le sinistre
ex-GSP est domicilié, mais c’est en fait l’ensemble du Maghreb qui est visé. En
somme, c’est la cible actuelle du jihadisme mondial.
Al-Qa’ida/Al-Jazeera = même combat.
Il est urgent que l’Etat algérien, l’ensemble des
autorités politiques du Maghreb, et les instances internationales, réagissent :
les premiers par la fermeture des bureaux d’Al-Jazeera dans ces pays, les
secondes par des sanctions à l’encontre de la chaîne.
Le Maghreb est particulièrement visé, disais-je. En témoigne
la jubilation du sanguinaire Ayman al-Zawahiri, en janvier 2007, l’homme qui
s’est réjoui publiquement des actes terroristes commis dans les pays musulmans,
contre les musulmans, et qui avait salué dans l’acte d’allégeance de l’ex-GSPC,
rebaptisé depuis en Al-Qa’ida pour le Maghreb islamique, « une union bénie qui sera un os dans la gorge
des croisés américains et français ».
C’est la
première fois que des victimes innocentes, parmi lesquelles des étudiants, des
automobilistes, des passants, des enfants, dont les auteurs du crime ignoraient
tout, des inconnus en somme, sont qualifiés d’apostats, et de surcroît,
post-mortem, ce qui représente une double atteinte à ces victimes, de leur
vivant comme après leur destruction.
Qu’est-ce
qui justifie une telle haine, un tel anathème à l’endroit de personnes dont
rien ne pouvait autoriser ses auteurs à savoir s’il s’agissait de bons
musulmans, de mauvais musulmans ou d’apostats ? Les Algériens se
seraient-ils livrés à un acte d’apostasie collective sans qu’on le sache ?
En vérité,
les Algériens, comme les Marocains et les Tunisiens, résistent. Ce n’est pas un
hasard si l’ex-GSPC s’est rebaptisé « La branche d’Al-Qa’ida pour le
Maghreb islamique ». Les Maghrébins résistent à la vague mortifère des
idéologies obscurantistes et totalitaires, ils apprécient les libertés
individuelles, les plaisirs de la vie, et plus que tout, ils sont nourris de la
culture de la modernité, et cela seul justifie toutes les haines.
Al-Qa’ia est aux abois. En Irak, champ de bataille
privilégié depuis l’invasion américaine, les terroristes sont mis en déroute,
et la plupart de leurs caches détruites. La violence elle-même a baissé de 60%,
et les tribus sunnites, organisées en une coalition se nommant
« Al-Sahoua » (le Réveil), se désolidarisent des mercenaires
d’Al-Qa’ida.
Le 29 décembre dernier, dans une cassette audio,
Oussama Benladen condamnait et fustigeait ces Irakiens courageux.
Voilà aussi pourquoi le Maghreb constitue un nouveau champ de bataille. Bien plus attrayant que le Pakistan où les tueurs d’Al-Qa’ida n’ont pas hésité à assassiner une femme, Benazir Butto, plus que n’importe quel pays. Car au Maghreb, il y a un souffle de vie que les liberticides ne supportent pas.
Leïla Babès